Animatrice de 4 communautés à destination de PME-PMI, je me heurte trop souvent à des discours me soutenant que l’animateur de réseaux est le garant essentiel et l’acteur central de la communauté.
Or, une communauté ne vivra et ne sera pérenne que si la plateforme est développée et « boostée » par les adhérents eux-mêmes. Ceux-ci fonctionnent trop dans une logique passive, partages et échanges sont réduits.
Pourquoi selon moi y a-t-il ce constat de manque de dynamisme?
– Les adhérents ne se connaissent pas. La stratégie globale du projet est ici à prendre en compte. Deux choix : regrouper plusieurs clubs existants / secteur qui ont déjà une dynamique d’animation où les adhérents se connaissent bien en raison de la taille réduite du réseau et de la spécificité du secteur. Ou faire le choix de créer un réseau d’adhérents aux statuts et secteurs différents en se disant que la dynamique finira par prendre.
Un outil ne crée pas de communauté mais rassemble des groupes de personnes préalablement constitués. Il propose des méthodes et des règles pouvant aider ces groupes à se constituer mais il ne pourra jamais créer des synergies entre adhérents. Comment peut-on imaginer qu’une communauté puisse fonctionner avec des gens qui ne se connaissent pas et qui doivent du jour au lendemain partager opinions, expériences et informations ?
– Une logique de dynamique insufflée directement par les adhérents doit être menée à l’intérieur du réseau au détriment d’une logique passive. L’outil doit être fait PAR eux et non pour eux. Tout en s’effaçant l’animateur doit amener les adhérents à prendre un rôle direct et actif.
La modération ne doit pas être excessive, surtout au niveau du forum car ici les adhérents y ont ici un espace qui leur est entièrement dédié. Les oppositions d’idées, débats sont à creuser. L’animateur peut ainsi lancer un débat ce qui favorisera les divergences d’opinions et amènera ainsi plus de trafic.
Les adhérents doivent participer à la stratégie de dynamique de réseau. Ils en sont les acteurs principaux, et doivent donc prendre part aux évolutions techniques du site et du projet dans son ensemble. Il faudra les convier par exemple à des ateliers brainstorming ou matinées réseaux.
Je reviendrai plus tard sur la dynamique de réseau car la question mérite à elle seule un nouveau billet :-).
– Outre une méconnaissance entre adhérents, un des problèmes constaté est la taille du réseau. Il faut ici également faire le choix de privilégier le quantitatif et faire adhérer le plus grand nombre. L’autre choix sera de partir d’un noyau dur d’adhérents et de le développer petit à petit en privilégiant la qualité.
La taille n’est pas synonyme de dynamisme. Il faut partir d’un noyau dur, prendre le temps de connaître les adhérents et leurs besoins. Par la suite, on pourra développer les échanges, créer une dynamique. Puis si le réseau prend, l’étendre petit à petit. L’effet de bouche à oreille prendra si le réseau fonctionne bien et les adhésions devront venir des adhérents eux-mêmes et non du prestataire de la plateforme. Certains réseaux professionnels attendent 1 an avant de pouvoir augmenter leurs adhésions, le temps de connaître les profils des adhérents.
– La taille du réseau soulève une interrogation. Doit-on attendre que les adhérents expriment le besoin de rentrer dans la communauté ou bien doit-on les inscrire systématiquement ?
Un vrai besoin exprimé par l’entreprise favorisera plus tard son implication sur la plateforme. Il faudra bien définir sa stratégie de ciblage / communication.
En conclusion, je dirai qu’il faut savoir prendre conscience qu’une dynamique de réseau ne se fait pas instantanément. Il faut savoir revenir sans cesse sur le projet.
Voir aussi ci-dessous ces deux bons articles qui expriment leurs opinions quant aux règles de constitution de communauté.
Le community management c’est magique (CaddE Reputation)
Un outil ne crée pas de communauté. Ce n’est pas parce que l’on rassemble des personnes dans un espace en ligne qu’elles formeront une communauté.
Comment choisir de bonnes communautés pour votre réseau social dentreprise ? (Empowerpeople)
Une communauté existe In Real Life avant tout. L’outil sert de facilitateur à des communautés qui existent mais peinent à se trouver et à échanger car il est difficile de savoir qui partage les mêmes centres d’intérêts et préoccupation que soi dans l’entreprise
ça me rappelle un de mes slides dans ma dernière conf : « Une communauté ne se crée pas, elle existe déjà »
@yeka @deanie cela me rappelle aussi une discussion avec un collègue prof doc sur l’usage de facebook dans un CDI. Lui a réussi à créer de l’interaction avec une communauté de lycéen car cette communauté existait déjà en réel autour d’un projet en lien avec le CDI. Par la suite il a pu fédérer une communauté d’intérêt sur le CDI en s’appuyant sur cette communauté projet.
Partir du réel, ne pas s’embarasser des outils et utiliser ceux existant et utilisé par les élèves
Merci pour vos commentaires. Richard c’est un bon exemple que tu donnes et effectivement c’est bien pour les élèves de partir de l’existant et surtout du réel ! Cela apporte aussi un gain de temps non négligeable.
Ton collègue a t-il fait une synthèse que l’on peut trouver sur le net relatant son expérience de ce projet ?